Culture

Liz Magor au MAMAC, une rétrospective événement à Nice

À Nice, le Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain consacre une rétrospective à la sculpteure canadienne la plus influente des 30 dernières années. Un événement.

Depuis plus de quarante ans, Liz Magor s’intéresse de très près aux objets, qu’elle choisit et chérit, non pour leur qualité mais comme traces d’un vécu, stigmates endotiques d’un quotidien banal, cet infra-ordinaire dont parlait Georges Perec. Montrés à Nice pour la première fois dans une rétrospective essentielle, ses compositions, installations, assemblages font naturellement écho aux tableaux-pièges de Daniel Spoerri (revus cet été dans la très belle exposition Écoles de Nice et issus de la collection du Mamac).

Par un regard approfondi, on comprend pourtant qu’elles se distinguent des compositions spontanées de l’artiste nouveau réaliste, le hasard en conserve comme les décrivait Marcel Duchamp, par l’association, invisible de prime abord, d’objets usuels et usagers, sortes de ready-made de l’obsolescence, et de fac-similés d’objets, moulés par la sculpteure dans la minutie intime de son atelier.

Carton, couvertures, peluches, napperons, les laissés-pour-compte d’une société consumériste retrouvent vie dans leur rencontre avec la représentation sculpturale d’autres objets, reproduits avec tout le soin du monde, au sens plein du terme, sans que l’on sache, au final, lequel compte le plus. Sans doute cette attention particulière procède-t-elle, pour cette native du nouveau monde, d’une volonté de le documenter en créant ces artefacts archéologiques. Ainsi, l’une de ses pièces les plus connues est une sculpture en aluminium, reproduction de l’un des taudis qui peuplaient le port de Vancouver de son enfance, désormais effacés au profit d’une urbanisation galopante.

Mais il semble qu’au-delà de la matérialité, la quête soit anthropologique, tant ces œuvres parlent de la mémoire et de l’usure du temps, de fragilité, de désir et d’addiction – les nombreuses références à l’alcool ou à la cigarette – une recherche de réconfort face à la menace de la disparition.

“Je ne suis pas une animiste mais quand je vois un objet, je peux dire d’où il vient, quelle a été son histoire.”

Liz Magor

Exposition « Liz Magor : 1947-1977 »
Jusqu’au 13 mai 2018
mamac-nice.org
art21.org/artist/liz-magor/

Légendes Banff Chair, 1991. Base en acier, polyuréthane, fourrure synthétique, gants en cuir. 76.2 × 121.9 × 88.9 cm. Collections du McMaster Museum of Art et McMaster University, Hamilton, Ontario © Vue d’expo au Musée d’art contemporain de Montréal, 2016, photo Richard-Max Tremblay Buck (Jagermeister), 2008. Gypse polymérisé, alcool. 40 x 76 x 66 cm. Courtesy Catriona Jeffries, Vancouver © Photo : SITE Photography.
Initialement publié dans Marie Claire Méditerranée