Art de vivre

21 Paysans, une adresse à croquer à Nice

Jeter un pont entre paysans vertueux et urbains niçois, c’est la belle initiative d’un jeune homme à suivre, entre ses terres fertiles et son antre gourmand.

Lieu chaleureux et lumineux de 350 m2 tout en baies vitrées, hauteur sous plafond et parquet clair, la boutique 21 paysans se dit “primeur non traditionnel”. De fait, Eliott Mercier, 26 ans, a imaginé un lieu à l’image de son parcours, 100% atypique. Après 4 ans d’études supérieures de commerce à Dauphine, suivis d’une thèse sur les semences à Londres, il part en Inde fonder, avec un homéopathe indien, une ferme permacole intégrant banque de semences et école de formation.

De retour en France, il comprend qu’« ici aussi, nous avons les mêmes enjeux et un vrai besoin de solutions en agriculture durable ». Appel à dons aidant, son collectif de jeunes gens venus de tous horizons réhabilite des terres en friche et une bâtisse en ruines près de Tende, y font pousser légumes, fruits, plantes médicinales bio… dont les abeilles font leur miel. Ils ont tout. De l’eau, du soleil, du bois, une terre redevenue fertile, une biodiversité inouïe et de magnifiques produits. Mais comme d’autres paysans isolés, ils ont un vrai problème, la distribution. Eliott tient alors la bonne idée : créer un lien direct entre paysans et consommateurs urbains en s’aidant des nouvelles technologies pour assurer commandes fermes d’un côté et ajustement des récoltes de l’autre.

Il aurait pu se cantonner aux AMAP, ces paniers qu’on prépaye les yeux fermés pour encourager une exploitation, ou rejoindre le réseau La Ruche qui dit oui, qui livre les produits de multiples exploitants commandés en ligne. Mais Eliott veut autre chose, un lieu pérenne, ouvert tous les jours, convivial. Avec, outre les livraisons hebdomadaires, un café-restaurant, une épicerie, des rencontres, bref, un endroit où se poser, échanger, goûter. Tous gagnants. Les paysans, déchargés du transport et à même de gérer leur cueillette au brin près, comme les urbains, sûrs d’acheter sain et locavore, moins cher que le bio de grande surface. Eliott se lance, aidé par la NEF – une banque ultra éthique – et accompagné de 21 paysans (d’où le nom) de la Roya, triés sur le volet : « Notre réseau fonctionne par parrainage. J’ai une confiance aveugle dans nos producteurs – une trentaine actuellement. Tous ont de telles valeurs humaines que ça donne forcément du goût à leurs cultures. » Comment ça marche ? 48 heures à l’avance, on choisit sur le site fromages, jambons, légumes, confitures, pains, œufs, baumes de soin, épices, bières ou eaux florales. On récupère ensuite sa commande à la boutique, sans trop stresser côté timing. Et si on a loupé la commande, pas grave, les mêmes produits sont vendus sur place.

Difficiles, les débuts ? Eliott sourit. Bien sûr, et rien n’est gagné. Aujourd’hui, 4 salariés font tourner la boutique dont lui, qui court entre ville et campagne, leur camion effectuant chaque semaine 7 h 30 de tournée sur un rayon de 80 km.
« Nous mettons un point d’honneur à honorer les commandes, même les plus petites. L’épicerie et le restaurant nous permettent d’embarquer un surplus de marchandises et d’économiser notre énergie. » Côté carte, veloutés de légumes, tartes, tartines ou planches charcuterie-fromages ont rapidement trouvé leurs fidèles. Pour avoir dégusté une quiche de courge butternut aérée aux blancs en neige avec juste ce qu’il faut de persil plat et un mesclun aux pépins de courge et éclats de noisettes, on confirme : c’est un vrai voyage gustatif. Prenons-en de la graine.

21 Paysans
ouvert du lundi au samedi de 7h30 à 18 h.
2, rue Valperga, Nice, 09 87 02 05 72
21paysans.com

« Nous mettons un point d’honneur à honorer les commandes, même les plus petites. L’épicerie et le restaurant nous permettent d’embarquer un surplus de marchandises et d’économiser notre énergie. » 

Initialement publié dans Marie Claire Méditerranée